La morphologie foliaire des angiospermes dicotylédones ligneuses est très fortement influencée par les conditions environnementales et plus particulièrement par les conditions climatiques du milieu. Un lien bien connu est celui entre la proportion de feuilles à marge entière dans une localité et la température annuelle moyenne (MAT) de cette dernière. Issu de notre appel à idées auprès des chercheurs, Mélanie Tanrattana demande l’aide des herbonautes à l’occasion de son travail de doctorat « Adaptation de la morphologie foliaire aux contraintes environnementales à travers les collections d’herbier : application aux assemblages fossiles ».
Les Cinnamomum de la famille des Lauracées sont des arbres et arbustes tropicaux présents en Asie, Australie, Amérique centrale et du sud. Ce sont des composants essentiels des forêts sempervirentes tropicales. Il existe environ 250 espèces et la plus grande diversité se situe en Asie tropicale.
Cinnamomum camphora – le camphrier C. malabathrum (Inde)
Ces arbres ont une importance économique non négligeable, car ils sont couramment utilisés dans la cuisine ou la médecine. En effet, les Cinnamomum possèdent des propriétés aromatiques à la fois dans les feuilles, l’écorce et les racines desquelles peuvent être extraites les huiles essentielles. Les canneliers (C. verum, le cannelier de Ceylan et C. cassia, le cannelier de Chine) par exemple, fournissent les écorces de cannelle1. Le camphrier (C. camphora), dont est issu le camphre, est utilisé dans la médecine traditionnelle chinoise notamment pour soigner les rhumatismes, bronchites, asthme, douleurs musculaires etc.2
Les fleurs sont de petite taille, généralement vert jaunâtre ou blanchâtre, en panicules3. Les feuilles de Cinnamomum sont très aromatiques, du fait de la présence d’huiles et de mucilages dans l’épiderme. Elles sont typiquement trinervées, souvent elliptiques et peuvent être opposées ou alternes. Elles présentent néanmoins une assez grande variabilité. Elles peuvent, par exemple, être fines et allongées, comme chez C. heyneanum (Inde) ou beaucoup plus petites, plus large à l’apex qu’à la base comme chez C. daphnoides (Japon)4.
La morphologie foliaire est utilisée en paléobotanique (l’étude des plantes fossiles), afin de reconstruire les paléoclimats, notamment grâce à la relation qui existe entre la silhouette des feuilles et le climat. Le genre Cinnamomum est très abondant dans les gisements fossiles et possédait une large répartition, puisqu’on le retrouve au Crétacé en Asie, Europe, Amérique du Nord et Australasie5. L’étude de la morphologie foliaire des Cinnamomum actuels nous permettrait de mieux comprendre celle des Cinnamomum du passé et d’améliorer nos interprétations paléoclimatiques et paléoenvironnementales.
C. heyneanum et C. daphnoides
Références :
1. H M Baillon. Dictionnaire de botanique. 2, (1886).
2. Lee, H. J. et al. In vitro anti-inflammatory and anti-oxidative effects of
Cinnamomum camphora extracts. J. Ethnopharmacol. 103, 208–216 (2006).
3. Wuu-Kuang, S. Taxonomic revision of Cinnamomum (Lauraceae) in Borneo.
Blumea - Biodivers. Evol. Biogeogr. Plants 56, 241–264 (2011).
4. Cinnamon and cassia: the genus Cinnamomum. (CRC Press, 2004).
5. Huang, J.-F. et al. Origins and evolution of cinnamon and camphor: A phylogenetic
and historical biogeographical analysis of the Cinnamomum group (Lauraceae). Mol.
Phylogenet. Evol. 96, 33–44 (2016).
Sources photographiques :
C. camphora : keys.lucidcentral.org
C. malabathrum : Dario De Franceschi
C. heyneanum : asianplant.net
C. daphnoides : pref.saitama.lg.jp
Pour consulter le sujet de thèse de Mélanie, cliquer sur le lien ci-dessous:
Cette mission herbonautes est liée à l'opération de mécénat de la Fondation de la Maison de la Chimie
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